Navigate; Linked Data; Dashboard; Tools / Extras; Stats; Share . L’épître « du camp d’Attigny » est précédée d’une suscription, et l’épître « touchant l’armée du Roi en Hainaut » est en prose. […] L’histoire raconte un événement qui a eu lieu, à une époque éloignée de la nôtre. Prolongeant le discours érasmien, Juan Luis Vives et Juste Lipse font de la lettre familière le modèle idéal du genre épistolaire. Anamorphoses d’un champ métaphorique de saint Augustin à Jean Racine. Usus, fructus, abusus sont des termes à la fois juridiques et théologiques ; dans la mouvance augustinienne, Érasme en discute dans son Enchiridion (cité par U. Langer, Perfect Friendship : Studies in Literature and Moral Philosophy from Boccaccio to Corneille, Genève, Droz, 1994, p. 105). Dans l’épître du capitaine Raisin enfin, ce motif acquiert une fonction thérapeutique. Tout d’abord, l’hésitation générique dont témoigne « l’Épître du Dépourvu » : en plus d’être un support à l’enchâssement de formes anciennes, le cadre épistolaire y sert en effet de prétexte pour narrer un songe allégorique, lui-même conçu comme un débat entre des entités conseillant le poète. Le tour de force ainsi réalisé trahit un investissement auctorial important et constitue en outre la section épistolaire de L’Adolescence clémentine en vitrine désignée au lecteur comme lieu d’accomplissement d’un nouveau programme poétique. Orientation Post-bac . G. Morel, Paris, Macula, 1997, p. 72-79 en particulier. 31 Pour un éclairage de la portée évangélique de l’épître « À la Demoiselle négligente », voir Francis Goyet, « Sur l’ordre de L’Adolescence clémentine », p. 600-601. À l’instar du modeste Bourgeon qui demande un cheval pour mieux accomplir son service, ce que sollicite Marot dans ses requêtes, c’est une « grâce particulière » octroyée pour le don gracieux de rimes souriantes. Le Texte à la Renaissance : des rhétoriqueurs à Montaigne. 26 Voir l’« Epistre des excuses de Marot faulsement accusé d’avoir faict certains adieux au desadvantage des principales Dames de Paris » (Œuvres Poétiques Complètes I, p. 282-284) et l’épître « Aux Dames de Paris, qui ne vouloient prendre les precedentes excuses en payement » (Œuvres Poétiques Complètes I, p. 284-290). Loin d’être réservé à la conclusio, qui permet normalement de formuler des vœux à l’égard du destinataire, cet espoir est décliné dans toutes les parties de l’épître : l’exordium souligne l’amour indéfectible que les amis portent à la dame, et qu’ils promettent de lui porter jusqu’à son retour, dût-elle s’absenter quarante ans. Voir Barthélemy Aneau, Le Quintil Horatian publié dans Joachim Du Bellay, La Deffence, et Illustration de la langue françoyse, éd. Voir Francis Goyet, « Sur l’ordre de L’Adolescence clementine ». 22 « Tout en ayant l’air d’utiliser un langage presque populaire, il diffère radicalement du populaire », disait Denys d’Halicarnasse de Lysias, modèle du style mince ou iskhnos (Denys d’Halicarnasse, Les Orateurs antiques, cité par J. Lecointe, L’Idéal et la différence : la perception de la personnalité littéraire à la Renaissance, Genève, Droz, 1993, p. 395) ; ceci distingue l’orateur mince des sophistes qui paraissent habiles sans l’être. » Clément Marot « Prince des poëtes françois » 1496-1996. Catherine M. Grisé et Cameron D. E. Tolton. « Defining the genre of the letter, Juan Luis Vives’ De conscribendis epistolis. Lake Prescott, « The Wrath of Priapus : Remy Belleau’s “Jean qui ne peult” and its Traditions », dans Comparative Literature Studies, vol. Marot vint au monde à Cahors, dans la province du Quercy, en 1496. Comme l’a montré Mireille Huchon9, les épîtres de Maguelonne et du « Dépourvu » appartiennent au genre délibératif, les deux épîtres du camp d’Attigny relèvent du genre démonstratif, l’épître à Bouchart du genre judiciaire. Paris : Nizet, 1972. Le contraste entre gravité et gaillardise dans le récit bachique de sa vie de vérolé envoyé à l’étuve suscite un décalage burlesque : Raisin risque de faire rire à ses dépens, alors que Bourgeon fait sourire à dessein. Œuvres poétiques complètes, Éd. De mes couleurs , ma nouvelle alliée, Etre ne peut votre jambe liée, Car couleurs n'ai, et n'en porterai mie, Jusques à tant que j'aurai une amie, Qui me teindra le seul blanc, que je porte, En ses couleurs de quelque belle sorte. Clément Marot. et s’avère donc primordiale dans le contexte administratif où l’apprentissage des règles d’épistolographie s’inscrit depuis le XIIe siècle12. Des milliers de livres avec la livraison chez vous en 1 jour ou en magasin avec -5% de réduction . L’École des rhétoriqueurs, Genève, Slatkine, 1998, p. 105-112. Par équivoque onomastique là encore, le rocher, la roque « bien ferme » (v. 25) a pour botte secrète « Espérance » (v. 27), apte quand elle « sort » à terrasser l’ennemi, à lui faire faire du raisiné, c’est-à-dire « saigner du nez » (v. 29)29 – nouvelle allusion aux déboires de Raisin. 5 Pour Corinne Noirot, c’est ainsi comme « maître épistolier » que Marot a été consacré par l’histoire littéraire (« Entre deux airs » : style simple et ethos poétique chez Clément Marot et Joachim Du Bellay, 1515-1560, Paris, Hermann, 2013, p. 166). McKinley, Mary B. Citons pour preuve le contexte paulinien et luthérien dans lequel Marot formule sa prétendue abjuration33, les dysfonctionnements de la communication épistolaire, qui figurent l’intransigeance des théologiens34, enfin la dimension symbolique du nom de Bouchart : plutôt qu’un interlocuteur véritable, celui-ci représente l’archétype du « docte docteur », adversaire obtus qui se bouche les oreilles pour éviter tout dialogue religieux35. – Ego sum vitis vera et Pater meus agricola est / omnem palmitem in me non ferentem fructum tollet eum et omnem qui fert fructum purgabit eum ut fructum plus adferat » (tr. Contre une poétique valorisant l’unité et la cohérence du sujet, le poète défendrait ainsi une polyvalence nécessitant pour pouvoir s’épanouir la flexibilité propre au genre épistolaire, capable d’accueillir tous les sujets27. Les quinze premiers vers du texte passent en revue, pour mieux les rejeter, des thèmes poétiques traditionnels : l’amour, la guerre, Dieu, les abus du monde : Je ne t’écris de l’amour vaine, et folle :Tu vois assez, s’elle sert, ou affole :Je ne t’écris ne d’armes, ne de guerre,Tu vois, qui peut bien, ou mal y acquerre :Je ne t’écris de fortune puissante,Tu vois assez, s’elle est ferme, ou glissante :Je ne t’écris d’abus trop abusant,Tu en sais prou, et si n’en vas usant :Je ne t’écris de Dieu, ne sa puissance,C’est à lui seul t’en donner connaissance :Je ne t’écris des dames de Paris,Tu en sais plus que leurs propres maris :Je ne t’écris, qui est rude, ou affable,Mais je te veux dire une belle fable :C’est à savoir du Lion, et du Rat.25. 11 On songe aussi au fameux « Et en pleurant tasche à vous faire rire » de l’épître Au roy, pour avoir esté desrobé, où le principe de subversion de la plainte par l’humour s’exerce à plein (v. 68, Suite de l’Adolescence clémentine, OP1, p. 320-323 ; composition fin 1531). Bourgeon commence en effet par déclarer : « A vous me plaings » (v. 3) ; et Raisin raconte sa « male adventure » (v. 6), exprime son « grand dueil » (v. 68). Ce procédé d’encadrement est bien sûr extrêmement piquant, puisque en attirant notre attention sur les thèmes « traditionnels » que développent les épîtres adjacentes, Marot semble pointer du doigt sa propre inconséquence. Certains traits caractéristiques de la poésie de Marot résultent de la tension entre sa situation de poète pensionné, soumis aux contraintes inhérentes à son statut, et sa volonté de faire entendre la voix d'une conscience gagnée aux idéaux erasmiens ou evangeliques et convaincue du pouvoir de la poésie. 7 F. Cornilliat, « Or ne mens ». Les poèmes de Marot ne faisant pas partie de cet ouvrage seront cités d’après les Œuvres poétiques complètes éditées par Gérard Defaux. Le premier vers donne à entendre que les lettres de Marot sont restées sans réponse ; Bouchart ne s’est en outre adressé à Marot que de manière indirecte, soit par l’intermédiaire des gendarmes venus arrêter le poète, soit par le biais d’une accusation publique (« en disant que l’erreur / tiens de Luther »). « Faute d’argent, me rend foible de riens », équivoque du rondeau XXXIV intitulé Au Roy, pour avoir argent au desloger de Reins, OP1, p. 153 ; cf. Les Épîtres, Clément Marot, Claude-Albert Mayer, Nizet. Épîtres. 26Les poèmes cinq et six poursuivent ce jeu de masques : l’épître « À la Demoiselle négligente » et celle des « jarretières blanches » empruntent des schémas amoureux topiques, l’absence de la dame d’une part, le fait de porter les couleurs de son amante de l’autre, mais cachent respectivement un message évangélique – les amants qui attendent la demoiselle forment une communauté de croyants unis dans l’espérance de la paix31 – et une intention parodique – la fermeté affichée par l’amant s’épuisant en effet dans la couleur de sa livrée. Éd. Fort de cette assise, il déconstruit via la succession des épîtres les codes poétiques et épistolaires de la génération précédente pour leur substituer un modèle familier. Clément Marot, né à Cahors pendant l'hiver 1496-1497 et mort en 1544 à Turin est un poète français. dans les épîtres de Jean Marot à François Ier et Claude de France / The Thunder and the Bells. Signalons ainsi l’omniprésence du nom définitoire « épître », répété dans les titres courants et au début de chaque poème, comme pour mieux marteler la décision du poète d’intégrer le genre à sa gamme poétique. Des biens avez et de la rithme assez : Goyet, Francis. Margolin (dir. Non content de réclamer, de la part de son royal destinataire, qu’il passe outre à la non-conformité de leur relation avec le système d’échange propre au rapport de patronage, Marot s’autorise donc du contexte épistolaire pour le traiter avec privauté : ce faisant, il souligne la dimension nécessairement familière de l’épître qu’il entend pratiquer. samedi, à 09:45. Du côté des destinataires, hormis Marguerite à laquelle trois épîtres sont adressées, on note également une grande variété : la « Demoiselle négligente » et celle des « jarretières blanches » sont des dames anonymes ; Pierre de Provence est l’amant fictif d’un personnage légendaire. L’énonciation est toute aussi instable, Marot empruntant en effet la voix de trois locuteurs fictifs, dont une femme. Voir la notice dans le catalogue OpenEdition, Plan du site – Contacts – Mentions légales et crédits – Flux de syndication, Nous adhérons à OpenEdition Journals – Édité avec Lodel – Accès réservé, Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search, Marot en ses épîtres de “Bourgeon” et “Raisin” ou l’équivoque régénérée, Publication ethics and malpractice statement, Portail de ressources électroniques en sciences humaines et sociales, L’équivoque souriante pour subvertir la complainte et rabaisser la guerre, L’équivoque sur la vigne et la dégénération/régénération symbolique en jeu, http://www.biographi.ca/009004-119.01-e.php?BioId=34463, http://www.universalis.fr/encyclopedie/T302685/ROBERVAL_J_F_de.htm, Licence Creative Commons Attribution - Pas d'Utilisation Commerciale - Pas de Modification 4.0 International, Catalogue des 552 revues. Or, tandis que cette dernière se rattache à l’éloquence publique, le sermo relève de la sphère privée et se déploie donc plus volontiers à l’égard d’un familier. [Dialogue nouveau fort joyeulx. Sur la mise en scène poétique de l’accès du poète à l’âge des responsabilités, voir Guillaume Berthon, L’Intention du poète. L’autre niveau de lecture dont nous parlons ressort d’un réseau d’équivoques à mettre en relation avec le style de la littérature dite bourgeoise du Moyen Âge, indissolublement comique et morale17. 8À première vue, les onze épîtres rassemblées par Marot sont si hétéroclites qu’elles semblent dévoiler les coulisses de son apprentissage du genre. La fin du poème dépasse cet écueil pour revenir à plus de simplicité : après bien des tergiversations, le poète entreprend de composer son épître, qu’il présente à son interlocutrice pour ce qu’elle est, tout simplement à la mesure de son « petit pouvoir » (v. 160). Cf. In 1514 Marot became Historia est gesta res, ab aetatis nostrae memoria remota […]. 29 Henry Guy, Histoire de la poésie française au xvie siècle, vol. Les épîtres de Marot / Joseph Vianey: Publié : Paris : Société française d'éditions littéraires et techniques, 1935: Description matérielle : ... Marot > Clément > 1496-1544 > Critique et interprétation. 16 Sur la capacité de la lettre à rapprocher les correspondants soit en estompant la distance qui les sépare soit en déplaçant l’ancrage géographique et énonciatif de l’épistolier, voire celui du destinataire, voir Jean Lebel, « Littérature de voyage et genre épistolaire au XVIe siècle », Bulletin de l’Association Guillaume Budé, 2 (2000), p. 175-192. L’épître « du camp d’Attigny » se présente comme une chronique d’historiographe ; la « Petite épître au Roi » et l’épître à Bouchart sont des poèmes de requête à plus puissant que soi ; enfin, l’épître « À son ami Lyon » emprunte à la fable ésopique. Rosenthal Olivia, « Clément Marot : une poétique de la requête », in Clément Marot, « Prince des poëtes françois » 1496-1996, actes du colloque international de Cahors-en-Quercy, 21-25 mai 1996, dir. Des Rats et des Ratières. C’est bien ce que suggère le parcours qui s’établit dans L’Adolescence clémentine de 1538, depuis l’« Epistre à Maguelonne » jusqu’à l’épître « À son ami Lyon » : telle qu’elle est pratiquée par Marot, le trait propre à l’épître personnelle n’est pas la vraisemblance mais la familiarité, une familiarité qui s’accommode de l’hétérogénéité énonciative et s’en nourrit même pour instaurer, entre l’épistolier et son destinataire, un rapport de proximité s’exprimant sur le modèle de la confidence. Clément Marot (1497-1544) 11 Avr 2020 15h00. 18Semblablement, la « Petite Epître au Roi » en appelle à plus de simplicité, non sur le plan du dispositif textuel cette fois mais du point de vue du style. Paris : Librairie générale française, 2005 (2e éd. Gérard Defaux et Michel Simonin, Paris, Champion, 1997, p.283-298 (un article très Gérard Defaux, Paris, Bordas, « Classiques Garnier », t. I : 1990 et t. II : 1993 (dorénavant OP1 et OP2), p. 88-89. Search for: Citation du Jour. Adieu aux dames de la cour. Éd. Argumentum est ficta res, quae tamen fieri potuit. 34 À un sien Amy, [épître IV], v. 63-66, OP2, p. 704. 7Puisque le mot « bourgeon » est spécialement utilisé au XVIe siècle pour désigner une jeune pousse de vigne16, le lien onomastique entre les deux épîtres renforce le rapport symbolique ébauché entre deux étapes symétriques d’une vie de service, militaire ou autre. 30 Mary McKinley, « Marot, Marguerite de Navarre et “L’Epistre du Despourveu” », p. 615-626. Celui qui a nom « Raisin » devrait en effet être le plus vigoureux, le plus viril ; or il n’en est rien. Clément Marot, né à Cahors en 1496 et mort le 12 septembre 1544 à Turin, est un poète français. 3 Parmi les poètes ayant, sur le modèle marotique, fait la part belle au genre épistolaire dans les années 1530, on peut citer Michel d’Amboise, Eustorg de Beaulieu ou encore Roger de Collerye. 20Marot juge-t-il ces thèmes inconciliables avec le genre épistolaire ? Berthon, Guillaume. M. Patillon, Paris, L’Âge d’homme, 1997, p. 473 sq. 10Dynamique et foisonnante, cette éclatante entrée en scène est pourtant loin d’égarer le lecteur, dans la mesure où elle se voit dirigée d’une main de maître par un auteur apparemment désireux de faire briller son genre de prédilection. Une telle constance semble désigner l’épître comme un lieu d’investissement poétique et personnel tout à fait unique dans l’ensemble de sa production. Dorio, Pauline. encore aujourd’hui, les « pommes sûres »), donc comme les raisins verts… « Tout homme qui mangera des raisins verts, ses dents en seront agacées », dit Jérémie 31, 30 (omnis homo qui comederit uvam acerbam obstupescent dentes eius), en une prophétie de l’alliance nouvelle où chacun subira les conséquences de ses propres péchés. Pour une lecture socio-économique de cette Epistre au Roy, pour avoir esté desrobé, voir C. Skenazi, « L’économie du don et le mécénat, Les formes de l’échange dans une épître de Clément Marot », dans French Studies, vol. Mail Actes du colloque international de Cahors en Quercy, 1996, Paris, Champion, 1997, p. 283-300. 27Si l’on rapporte cette constante mise en œuvre de situations d’énonciation fictives, indirectes ou ironiques à l’épître « À son ami Lyon », dont la position finale, dans l’édition de 1538, établit la valeur métapoétique et résomptive36, l’écart séparant le discours épistolaire du réel se conçoit plus clairement. » Paris : Champion, 1994. Gérard Defaux et Michel Simonin. Pour Marot, certaines épîtres commentent les projets d’édition mais font partie intégrante du livre. 32En définitive, le parti pris original de Clément Marot pour le genre de l’épître enclenche, au sein de L’Adolescence clémentine, un processus visible d’affermissement du genre épistolaire. Novateur, insolent, brillant, Clément Marot Ci-dessous un extrait traitant le sujet : Clément MAROT: Les Épîtres Ce document contient 1070 mots soit 2 pages.Pour le télécharger en entier, envoyez-nous un de vos documents grâce à notre système d’échange gratuit de ressources numériques ou achetez-le pour la … Le jeune Bourgeon sollicite une monture du seigneur de la Rocque, et Raisin sollicite la compassion et la protection du même la Rocque, personnage bien placé à la cour de François Ier5. » Clément Marot « Prince des poëtes françois » 1496-1996. Qu’écarte-t-il de son programme épistolaire ? 330. Les requêtes de Bourgeon et de Raisin, en déployant leur potentiel onomastique, traitent d’humeurs et d’énergie vitale, et la figuration générative et la facétie s’y articulent avec l’idée d’un service productif, sans défaut ni excès, sans exaltation chevaleresque ni complaisance dans le pathétique. Lorsqu’elle accède à une diffusion imprimée, c’est souvent par la marge ou bien indépendamment de la volonté du poète épistolier : la première épître personnelle à avoir été publiée se trouve ainsi insérée parmi les pièces liminaires du Temple d’honneur et de vertus de Jean Lemaire de Belges, paru en 15041. 11Les « raisins » ayant traditionnellement un sens sexuel, de même que la boiterie suggère une impuissance relative, on décèle entre les deux poèmes un renversement de virilité ou de puissance générative, à interpréter en termes plus généraux. Ce n’est qu’après la publication de L’Adolescence clémentine que Michel d’Amboise adoptera une terminologie plus stricte, intitulant systématiquement « epistres » ses épîtres personnelles versifiées, pour ne réserver le titre de « lettres » qu’aux épîtres amoureuses ou aux lettres liminaires en prose. In 1514 Marot became 25À y regarder de plus près, c’est d’ailleurs l’ensemble des onze épîtres de L’Adolescence clémentine qui paraissent reposer sur une situation d’énonciation « artificielle », le « moi » du locuteur ne s’y faisant entendre qu’à travers des dispositifs obliques. Liminary texts to the Psalms (two epistles, one epigram) Two dedicatory epistles (and an epigram) accompany Marot’s Psalm poems. Quant à la première série véritable d’épîtres personnelles, elle a été diffusée de manière posthume, dans le recueil des Chantz royaulx, oraisons et aultres petitz traictez, publié en 1527 par François Charbonnier pour rendre hommage à son maître Guillaume Cretin2. Le poète ne saurait se couper de cette vitalité essentielle de la terre et de ses humeurs, de l’humble transformé en paradigme fécond – d’ailleurs humus, humor, et homo étaient associés selon la même racine étymologique, à l’époque de Marot. Clement Marot (1496-1544) fut vraiment, en un sens, le premier des poetes francais, rompant avec le style artificiel, convenu et pesant des "Rhetoriqueurs". Les épîtres de Marot / Joseph Vianey: Publié : Paris : Société française d'éditions littéraires et techniques, 1935: Description matérielle : ... Marot > Clément > 1496-1544 > Critique et interprétation. 39 Clément Marot, L’Adolescence clémentine, p. 202-203. Par cette analogie s’éclaire l’affinité existant entre notre auteur et son genre de prédilection : à la fois poétique et familière, l’épître telle qu’il la pratique lui offre la possibilité de transformer le réel à sa guise tout en investissant les fictions qu’il élabore d’un substrat personnel absolument unique. 2 Guillaume Cretin, Chantz royaulx oraisons et aultres petitz traictez, éd. Les Epitres Quand vous serez hors d’aage / […] / Car sans humeur seiches vous demourrez » (v. 178-182) ; « Pource que trop serez vieilles pellées, / Desjà vous prend icelle maladie » (v. 188-189). 1Les épîtres VIII et IX de L’Adolescence clémentine de Clément Marot (1532)1 sont à lire en diptyque, et l’on se propose de le montrer. FR : Les épîtres VIII et IX de L’Adolescence clémentine de Clément Marot (1532) allient figuration symbolique et requête distanciée à travers des équivoques croisées. L’habitude moderne de séparer le rire bas ou populaire de toutes ambitions poétiques, morales ou spirituelles nous empêche de voir le plus « gros », le double sens évident. 8 À propos de la liquidation souriante de la rime équivoquée dans la Petite epistre au Roy, F. Cornilliat écrit : « Le texte accepte d’en sacrifier la puissance lyrique, encomiastique, pour mettre en valeur son ethos dédoublé : si le poète est fier et sûr de son art […] il ne pourra le dire qu’au second degré […]. Celles-ci ont pour objectif de sauver la réputation du poète et discréditer ainsi ses « ennemis » ; l’épître à Dolet en est la preuve : Brandissant l’étendard de « l’honneur … 22 Nous reprenons ici l’analyse stylistique et poétique développée par Gérard Defaux dans Marot, Rabelais, Montaigne, p. 61-72. Berkeley-Los Angeles-Londres : University of California Press, 1983. p. 331-355. 1. Au contraire, dans l’épître de Bourgeon, sujet boiteux, physiquement diminué, c’est la virilité de l’ennemi allégorique (« Désespoir ») qui est menacée par la puissance de frappe de La Roque. Des images qui parlent, Paris, Maisonneuve et Larose, 1986. ), Clément Marot et L’Adolescence clémentine, Nice, Association des Publications de la Faculté des lettres de Nice, 1997, p. 21-37. 14Qu’on ne s’y trompe donc pas : la variété formelle, énonciative, intertextuelle et typologique mise en scène dans la première série d’épîtres des Œuvres de 1538 ne donne aucunement à voir une image brouillée du genre épistolaire. 2L’art de requérir sans quémander se déploie d’abord4 ; il est servi par un sens de l’équivoque et du contrepoint tonal qui nous mettra sur la voie d’une autre lecture des images et des jeux de personae. Les épîtres à Bouchart et « À son ami Lyon », qui sont les deux ajouts faits à la section épistolaire de 1532, devraient être lues comme des « formes récapitulatives », des « clausules archétypales, sortes de modèle idéal du genre » (« Rhétorique et poétique des genres », p. 55). Rice-Henderson, Judith. Paris : Champion, 1997. p. 551-552. Liminary texts to the Psalms (two epistles, one epigram) Two dedicatory epistles (and an epigram) accompany Marot’s Psalm poems. 9 Mireille Huchon, « Rhétorique de l’épître marotique ». Aussi la différence entre les deux requêtes sur le plan de leur validité éthique jette-t-elle a posteriori un doute sur l’aspiration du petit « Bourgeon » à devenir « Raisin », état bien peu enviable si l’on en croit la seconde épître. Gérard Defaux, Paris, Bordas, « Classiques Garnier », t. I : 1990 et t. II : 1993 (dorénavant OP1 et OP2), p. 88-89. Frank, Clément Marot, de l’Adolescence à l’Enfer, éditions Paradigme, Orléans, 2006, 186 p. La Religion de Marot, Paris, Nizet, 1973, 188 p. Mayer C-A, Clément Marot et autres études sur la littérature française de la Renaissance, Paris, Champion, 1993, 394 p. Florian, Clément Marot et les métamorphoses de l’auteur à l’aube de la 15 Cf. Sur le plan de la tradition littéraire, la même diversité est de mise : dans l’épître de Maguelonne, Marot donne à une légende médiévale la forme classique d’une héroïde ; l’enchâssement sur lequel repose l’épître du « Dépourvu » reproduit un schéma caractéristique de la poésie des Rhétoriqueurs. Précurseur de la Pléiade, il est le poète officiel de la cour de François Iᵉʳ. Nice : Association des Publications de la Faculté des Lettres de Nice, 1997. p. 39-57. Certains traits caractéristiques de la poésie de Marot résultent de la tension entre sa situation de poète pensionné, soumis aux contraintes inhérentes à son statut, et sa volonté de faire entendre la voix d'une conscience gagnée aux idéaux erasmiens ou evangeliques et convaincue du pouvoir de la poésie. Cette épître, qui n’a été ajoutée à L’Adolescence clémentine qu’en 1538, permettrait ainsi de parachever la fonction subversive de l’ensemble de la section épistolaire. 29Il semblerait en effet que ce soit via le jeu spéculaire de la fabula que le « je » marotique se donne à voir le plus ouvertement. 9Enfin, les onze épîtres de la série accomplissent des actes de langage variés, correspondant aux différentes catégories répertoriées par la rhétorique épistolaire. 2 F. Lestringant, « Le rire de L’Adolescence clémentine », dans Chr. Dès 1513, Marot passe en qualité d'… […] » (Art poétique français, publié parmi les Traités de poétique et de rhétorique de la Renaissance, Éd. De la même manière qu’une lettre demande à être « déclose », l’intériorité du « je » n’est accessible qu’une fois levés les obstacles de la fiction poétique, la familiarité entre les deux pôles de l’interlocution s’établissant au terme d’un déchiffrement à valeur heuristique. Les titres des poèmes incluent, outre cette indication générique, le nom du destinataire (« Pierre de Provence », « Monsieur Bouchart », le « seigneur de la Roque »), son statut civil (la « Demoiselle négligente » est par exemple une jeune femme célibataire), sa fonction (« Docteur en théologie ») ou son titre de noblesse (la « duchesse d’Alençon », le « roi »). » Renaissance Eloquence : Studies in the Theory and Practice of Renaissance Rhetoric. Clement Marot (1496-1544) fut vraiment, en un sens, le premier des poetes francais, rompant avec le style artificiel, convenu et pesant des "Rhetoriqueurs". 15 Cette description commence au vers 15 (« Or est ainsi… ») et se termine au vers 135 (« Bien écrirais encores autre chose »). Segond et Vulgate). 7En 1538, la section d’épîtres de L’Adolescence clémentine se présente aux yeux du lecteur comme un ensemble à la fois uniforme et bigarré, une juxtaposition foisonnante que le « je » vient harmoniser de manière à mettre en valeur le genre épistolaire. 19 Si la chronologie semble être un des critères d’agencement des épîtres marotiques, d’autres principes d’organisation moins immédiatement évidents viennent compléter ce classement général.
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